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Du vide sous la peau (11/17)

« Maman, Papa, j'ai vu un homme mourir devant moi. Je n'ai rien pu faire pour l'aider. On nous as tiré dessus après qu'on se baladait en volant avec Estelle, et... »

« Attends Émeric, calme-toi. Raconte-nous ce qu'il s'est passé depuis le début. »

Émeric se met alors à leur raconter ce qu'il a vu à travers un récit décousu que ses parents remettent mentalement en ordre au fur et à mesure que l'histoire se met en place.

Sa mère lui dit : « Tu as absorbé toutes les balles, mais tu ne les as pas renvoyées. Tu as très bien fait, tu aurais pu tuer tous ces gens si tu l'avais voulu... Cela ne t'aurait pas mis dans un état d'apaisement, contrairement à ce que la vengeance laisse croire. Bien au contraire...»

Son père, comme à son habitude, se lance dans des remarques plus abstraites : « N'oublie jamais cela : ceux qui aiment détruire cherchent quand même à leur manière à s'inscrire dans la création... Ils souhaitent laisser une trace, voudraient qu'on se souvienne d'eux et de leurs actes funestes. Qu'on cherche à détruire ou à construire, on n'est jamais totalement coupé du monde dans lequel on vit. Alors si tu avais choisi de les éliminer par la rage, tu n'aurais fait qu'emprunter un circuit court et facile pour te faire remarquer. Il est vraiment regrettable que tu n'aies pas pu sauver cet homme, et nous comprenons ta détresse et ta colère, mais tu as bien fait de ne pas utiliser tes pouvoirs pour anéantir ceux qui l'ont tué. Tu l'aurais regretté toute ta vie. Encore une fois, il vaut mieux construire que détruire, même si la construction nécessite généralement plus de temps, et semble plus difficile à réaliser. Au fond, je pense que tes pouvoirs peuvent servir à de plus grandes causes... »

« Comme quoi par exemple ? »

« Tu le découvriras bientôt, j'espère. »

 

À la fin de la soirée, le téléphone d’Émeric sonne. C'est Estelle, qui semble aussi affolée qu'en colère.

«Émeric, c'est moi, ils m'ont kidnappée, ils veulent que tu reviennes au hangar ! » « Puis une autre voix, qu'il reconnaît comme celle du chef : « Voilà, je pense que tu as compris le message. Ne nous fais pas trop attendre. Et surtout, viens tout seul, ou on va se mettre en colère ! ».

« Quoi ? Comment c'est possible ? » se demande d'abord Émeric.

Puis il se met à réaliser la situation et se désespère de nouveau. Qu'est-ce qu'ils nous veulent à Estelle et à moi ? C'est une bande de meurtriers ! Qu'est-ce qu'il va lui arriver ? Qu'est-ce que je dois faire ?

Les pensées se bousculent dans son esprit. À voir la tête qu'il fait, ses parents devinent que les problèmes ne sont pas terminés.

« Qui était-ce ? Que se passe-t-il ? » lui demandent, chacun à leur tour, ses parents.

« Il faut que j'y aille. Je préfère ne pas vous en dire plus. »

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