Dense
Garder espoir
Je sais bien que ni le monde ni ma vie ne sont parfaits, mais on dit que l’espoir fait vivre ! Et je crois que c’est vrai. L’espoir est fondamental pour se sentir bien, et surtout pour tenir face au pessimisme général !
En tout cas, moi j’en ai bien besoin d’espoir ! Et au cas où vous en auriez aussi besoin, voici quelques réflexions qui pourraient vous aider à garder la foi, dans la vie comme dans l’être humain !
Car j’ai confiance dans la vie elle-même. La vie au sens biologique j’entends, pas juste la vie des humains comme vous et moi. Mais la vie des végétaux, des animaux, des micro-organismes telles les bactéries qui sont restées si longtemps sur Terre avant même les autres formes de vie, et qui y prospèrent toujours…
La vie est un petit miracle qui s’adapte et évolue en silence, et qui fait preuve d’une résistance absolument phénoménale face à l’entropie universelle. Certes, il s’agit d’une danse à deux temps de l’entropie, comme le dit joliment Brian Greene (1), c’est-à-dire que la vie finira toujours par se conformer au principe d’entropie, qui considère en gros que tout phénomène physique aboutit au final à une désorganisation plus grande, et donc de fil en aiguille, à sa fin inéluctable ; mais cette danse de la vie est d’une beauté inouïe dans cet univers un peu désespérant ! La vie est un enchantement ! Réjouissons-nous de pouvoir en profiter un tant soit peu pendant notre court passage sur Terre !
Mais surtout j’ai confiance dans la capacité qu’à la vie de se remettre de tout, de toujours repartir plus forte, et d’aller toujours plus loin à la conquête de nouvelles possibilités et de nouvelles opportunités ! Et cela malgré les extinctions de masse qu’elle a pu connaître dans sa longue histoire : elle s’est toujours remise de ces événements catastrophiques (2) ! La vie est tenace. Et jusqu’à la fin, elle ne se rendra pas ; même si il y aura fatalement une fin, à l’image du vivant sur Terre, les humains n’ont pas dit leur dernier mot : nous ne sommes pas encore morts !
J’ai également confiance dans la boussole interne de l’être humain. Et dans le fait que malgré tout, la nature humaine n’est jamais complètement détestable : puisqu'on est tous et toujours scandalisé par les mensonges, la triche et l’égoïsme ! Alors ? N’est-ce pas là le signe qu’on préfère de loin les gens qui se comportent bien ? Ceux qui jouent le jeu honnêtement ? D’ailleurs, qui aime les voleurs, si ce n’est lorsqu’ils volent leurs semblables pour redonner aux plus démunis ? Qui aime la guerre, à part une minorité d’individus, plus ou moins inaptes à ressentir de l'aversion devant l’idée de tuer leurs contemporains (3) ? Qui aime voir partir ses enfants au front, vers le danger d’une mort toute proche ?
Au fond, c’est ça la conscience de l’être humain ! En a t’on seulement suffisamment conscience ? On ne peut pas nier qu’on préfère quand les choses vont bien, que l’amour, une vie paisible et heureuse l’emporte sur tout le reste !
La violence, les viols, les tueries, les tortures et tous les mensonges pour les justifier ne pourront jamais altérer une telle vérité !
Je ne sais pas trop pourquoi l’être humain possède une telle boussole morale, si ce n’est peut-être parce qu’il ne peut pas vivre sans coopérer avec ses semblables, qu’il a besoin de vivre en société ? Imaginez une humanité de solitaires purs et durs : il n’y aurait plus d’œuvres collectives : pas de monuments, pas de maisons construites avec l’aide de tiers, pas de technologies développées à plusieurs, pas d’activités collectives : ni danse, ni concert, ni cinéma, ni lieu de rassemblement, ni internet, ni quoi que ce soit de réalisé en équipe, ni restaurant, ni sport nécessitant des arbitres, des entraîneurs, des spectateurs… Il n’y aurait plus de savoir cumulé au fil du temps, transmis de génération en génération ! Il y aurait simplement des individus qui survivent dans leur coin, et donc sans nécessité de ressentir ce qui est juste ou injuste vis-à-vis des autres ! Au fond, notre espèce souhaite le plus souvent bien faire : elle n’est pas dénuée d’éthique.
Elle aime aussi les belles réalisations : les défis techniques qui stimulent notre enthousiasme, l’art sans lequel notre vie serait bien terne et fort ennuyeuse, la science sans laquelle la médecine ne soignerait pas grand monde et sans laquelle le savoir n'aurait pas de fondations solides, etc. Mais surtout elle apprécie les mêmes grands principes partout et à toutes les époques : l’entraide, l’amitié, l’amour, la solidarité, la justice, le respect et la dignité ; tous ces mots qui résonnent si fortement dans notre esprit !
Et malgré toutes ces informations désespérantes dans les médias sur une humanité censée aller droit à sa perte, toutes ces informations qui semblent minimiser nos bons côtés, elles sont pourtant incapables de les effacer ! Si on aime s’informer sur des faits choquants et effrayants, c’est au fond pour se rassurer sur nous-mêmes, se sentir vivants, se sentir scandalisés par le genre de comportement qui répugnent à la majeure partie de la population…
Quand à ces défenseurs extrêmes de l’environnement qui préfèrent plus souvent la nature aux êtres humains, ont-ils seulement pris conscience que l’espèce humaine possède une profonde tendance à trouver adorables les mammifères et à trouver de la beauté (ou au moins de la fascination) dans chaque animal, chaque plante, chaque être microscopique capable de se reproduire, et de s’adapter au monde qui l’entoure, à trouver notre monde naturel plus inestimable encore que toute autre chose ?
Des animaux et des plantes qui ne se soucient bien souvent pas le moins du monde des chances de survie de leurs progénitures (4), qui les aident à peine à s’en sortir, feraient-ils mieux que des humains qui tentent tant bien que mal de protéger et préserver ce qui leur semble beau et important dans la nature ?
Il ne faut pas être naïf ou aveugle face au désastre écologique que cause notre espèce, mais à quoi sert-il de considérer que c’est en se haïssant nous-mêmes qu’on s’en sortira ? Ou en jouant sur la peur de l’avenir, et en se complaisant dans des prophéties catastrophistes et démoralisantes ? N’est-ce pas ainsi qu’on démobilise les gens, qu’on les empêche de s’unir véritablement ? À quoi bon miser sur le démotivant : « on vous avait pourtant prévenu, mais vous n’avez rien écouté ! » d’un futur dystopique, plutôt que sur la solidarité dont est capable tout être humain, ici et maintenant, envers son prochain comme envers le monde vivant, et surtout sur les sourires et la confiance que procure une telle solidarité profondément ancrée dans la présent ?
Oui j’ai confiance dans mes semblables ! Oui j’ai confiance en l’humanité ! Il y a tant de belles choses dont nous sommes capables !
1. Brian Greene : Jusqu’à la fin des temps. 2021. Flammarion
2. Henry Gee : Une (très) brève histoire de la vie sur Terre. 4,6 milliards d’années en 12 chapitres. 2024. JC Lattès
3. D’après le colonel et historien américain Samuel Marshall : « L’homme ordinaire et sain d’esprit manifeste une telle résistance intérieure et généralement inconsciente à la perspective de tuer l’un de ses semblables qu’il ne lui ôtera pas la vie de son propre chef », in Men Against Fire : The Problem of Battle Command. 2000. University of Oklahoma Press ; cité par Rutger Bregman : Humanité, une histoire optimiste. 2020. Seuil
4. On pense aux animaux à stratégie de reproduction r, par opposition à la stratégie de reproduction K.