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Le savoir en balance

Voilà des années que je passe à apprendre, pour finalement comprendre que mon esprit cultivé n’est pas une protection contre la désolation de se savoir seul et mortel. Mais qu’en plus il peut se fendre, devant une personne belle et attirante, et par ses fissures, laisser entrer, soit l’ombre soit la lumière...

 

Oh, comme j’aimerais pouvoir choisir qu’on y laisse s’épanouir l’authenticité, l’espoir et la splendeur du jour ; plutôt que la pénombre et le malheur de celui à qui l’on ne porte jamais secours, par peur que son effroyable repli ne nous contamine à son tour… Mais décide-t-on vraiment sur qui l’on tombe ?

 

Oh, comme je préfère moi-même l’éloignement, au tortueux hasard des rapprochements ! Et comme je crains aussi que l’on me nuise depuis que j’ai coulé jusqu’au fond de l’abîme. Et bien qu’ayant fini par reprendre lentement prise, je m’imagine encore me protéger de la noirceur des autres en les évitant et en me réfugiant dans mes lectures…

 

Mais qui suis-je donc pour espérer la lumière sans son ombre ?

 

Et malgré mon questionnement, comme je ressens l’envie de crier que ma solitude ne fait pas de moi un mauvais ou une menace ! Mais en réalité un partenaire de choix pour s’élever intelligemment ; puisque je passe mon temps à chercher ce que les autres jugent suffisamment important pour se donner la peine de l’écrire.

 

Mais cela ne suffit pas pour prétendre devenir un modèle à suivre, et prendre les plus saines décisions. Ne suis-je donc qu’un savant esseulé qui se demande à quoi finalement lui auront servi toutes ses lectures ?

 

Certes je prends toujours plaisir à apprendre, et c’est ainsi que j’aime passer mon temps libre. Mais la perspective de mourir un jour rend mes connaissances moins essentielles qu’elles ne semblaient lorsque ma curiosité s’éveillait à l’adolescence, alors remplie de cette promesse d’une vie si longue qu’elle semblait sans fin.

 

Ainsi va la vie.

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