top of page

Évolution et sexualité (4/5)

Un merveilleux présent

 

Rappelons pour commencer que la nature nous permet, contrairement à la plupart des autres espèces animales, de faire l’amour toute l’année, et qu’il s’agit d’un privilège plutôt que d’une malédiction !

Disons aussi que lorsque nous sommes amoureux, nous éprouvons un état de félicité dû à la présence de l’autre qui ne semble pas relever d’une guerre entre deux individus, mais bien plutôt d’un désir de tendresse et de rapprochement, voire de fusion entre ces deux personnes.

Disons également que nous possédons un système nerveux qui décuple nos sensations physiques quand nous pratiquons le sexe, par exemple en les colorant mentalement à travers tout l’arc en ciel de nos magnifiques sentiments amoureux.

Enfin, rappelons que nous pouvons jouir avec intensité. En clair, que notre sexualité lorsqu’elle est pratiquée avec amour et volonté de donner de la jouissance, mène vers l’orgasme, cette sensation géniale et tellement intense, ce point culminant du plaisir sexuel.

Nous ne sommes sans doute pas la seule espèce à aimer le sexe, mais nous sommes sûrement l’une de celles qui a le plus fort potentiel de jouissance, du moins une fois qu’on s’est débarrassé de l’idée que la sexualité est mauvaise et malsaine, comme l’ont décrété tant de religieux ou de moralistes au cours de l’histoire.

Mais il y a mieux encore, l’union sexuelle chez les humains est un accouplement qui lorsqu’il est réussi, emmène le couple vers un sentiment de bien-être et de présence au monde qui touche à l’extase sacrée… C’est la thèse du docteur Gérard Leleu dans son livre : « Sexualité : la voie sacrée » : à savoir que la sexualité peut amener le couple vers un état de conscience supérieure, une forme de spiritualité. Cela devient surtout possible lorsqu’on prend le temps de faire lentement monter le désir. Ainsi comme l’écrit Gérard Leleu : « L’extase ne peut que couronner une relation sexuelle dont la durée a été prolongée à souhait et dont l’étendue a embrasé tout le corps. »

Or c’est bien l’extase que l’on recherche plus ou moins confusément à travers le sexe, cet état de conscience supérieure qui n’est peut-être possible que chez l’espèce humaine…

Ecoutons de nouveau le docteur Gérard Leleu : « L’extase ne se résume pas à une culmination, elle tend vers l’infini : elle commence avec les délices des caresses, qui peuvent se prolonger autant que l’on souhaite, et se poursuit avec l’orgasme, que l’on peut renouveler quasiment à volonté, y compris chez l’homme qui a acquis la maîtrise de l’éjaculation. »

Le problème d’une évolution différente entre les sexes revient nous hanter ici : si la femme est généralement plus lente à s’éveiller au désir, elle peut ensuite jouir pratiquement à volonté, alors que l’homme, plus prompt à désirer, ne peut pas jouir autant de fois que la femme. D’où cette technique de maîtrise de l’éjaculation enseigné par le tantrisme, le taoïsme ou plus proche de nous, le docteur Leleu (encore lui !), qui permet d’atteindre un niveau d’extase bien plus intense et bien plus sublime que la pratique déjà bien agréable de l’amour physique classique.

À quoi ressemble cet état mystique d’extase via la sexualité ? À une forme de surconscience. Car l’orgasme sexuel ne diminue pas la conscience, au contraire, il la déploie. Et quand on pratique l’art érotique d'une façon adéquate, on atteint plus que l’orgasme, on touche alors à l’extase spirituelle. On devient ainsi plus conscient de sa respiration, de ses muscles, de tout son corps, et nos sens sont grand ouverts à ce qui nous entoure, comme envers notre amant(e). Nous nous raccordons alors avec amour à la longue chaîne du vivant, au monde entier. La vie nous sublime et devient sublime.

Et tout ceci recommence sans cesse avec le désir de l’autre, aboutissant chaque fois à un enchantement légèrement différent du précédent.

 

Pour finir, soulignons de nouveau que l’attirance amoureuse chez les humains relèvent de phénomènes biologiques bien plus vieux que l’espèce humaine, et qui sont d’une efficacité redoutable pour attirer deux partenaires, ainsi que leur procurer un réel sentiment de satisfaction. Aussi, il n’est peut-être pas si étrange comme idée de prétendre pouvoir atteindre une extase spirituelle par une sexualité fort bien menée, plutôt qu’en cherchant à s’élever mentalement vers Dieu ou tout autre entité lointaine en se passant du sexe. D’ailleurs lorsqu’on étudie le langage des mystiques dans leur volonté de rapprochement avec le divin, on s’aperçoit qu’il est rempli du vocabulaire de l’amour… C’est un peu comme si ces anachorètes cherchaient à copier un phénomène biologique très répandu chez les humains pour s’élever religieusement, mais de façon solitaire.

Or si il y a une chose qui s’est amélioré au fil de l’évolution pour nous rendre heureux, et pleinement conscient de ce plaisir partagé, c’est bien l’amour physique. L’amour semble être la meilleure façon d’atteindre l’extase, et le célibat est bien plus une épreuve qu’un état naturel pour l’être humain. Pour vivre heureux, vivons d’amour !

Cliquez sur la flèche ci-dessus pour consulter la bibliographie

bottom of page