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Évolution et sexualité (2/5)

Évolution et écologie

 

Nous les humains, avons un peu plus conscience que ces cellules primitives des effets néfastes que nous pouvons avoir sur l’environnement, mais on laisse venir les choses en espérant qu’on arrivera à s’adapter plus tard ; ou alors on râle sur l’inconscience des autres, en tâchant de se montrer soi-même plus responsable ! Toutes les formes de réactions sont possibles face aux problèmes environnementaux que nous causons : allant du déni de la situation jusqu’aux positions écologiques les plus radicales. Et quoi qu’il en soit, il n’y a pas de réponse générale et unitaire sur ce genre de problème. Nous sommes d’abord des individus avant d’être un collectif parfaitement unifié. On peut le déplorer, mais c’est ainsi que nous sommes.

De même, pas plus que nous formons une entité globale, il n’existe pas de retour possible à un équilibre idéal : la nature est en perpétuelle évolution. Tout bouge sans cesse, et l’équilibre de la nature est un mythe, dont on s’aperçoit quand on regarde un peu l’histoire de la vie sur Terre. Entre la vie microscopique au Précambrien qui a duré près de 3 milliards d’années ; la vie à l’ère primaire avec l’explosion de formes animales complexes au Cambrien, la colonisation des terres par les plantes et les champignons au Silurien, la grande époque des poissons au Dévonien, puis l’époque des arthropodes terrestres géants au Carbonifère, j’en passe et des meilleures, et ensuite l’évolution des dinosaures au secondaire, l’apparition des plantes à fleurs, et enfin la radiation des mammifères au tertiaire : où trouver un équilibre ?

Quand à l’être humain (Homo Sapiens), il n’a eu de cesse de modifier son environnement depuis qu’il a commencé son existence voici 200 000 ans environ. Mais de là à en conclure comme certains extrémistes désabusés que nous sommes une erreur de la nature et que cette dernière se portera mieux sans nous, je ne suis pas d’accord ! Ce qui fait de nous des humains ce n’est pas seulement notre intelligence, notre culture et notre technologie, c’est aussi, comme le souligne Sarah Blaffer Hrdy dans son livre (voir bibliographie, page 5), notre aptitude à l’empathie, à nous soucier des autres, et à chercher à les comprendre. De plus, aucune autre espèce que nous n’est aussi curieuse des autres formes de vie ! Aucune autre espèce que la nôtre ne se sent aussi désolée devant la mort d’autres formes vivantes (en particulier animales). Et si nous mettons des vies (humaines ou non) en danger en polluant l’environnement et en réchauffant le climat, ce n’est pas par pur plaisir malsain, mais plutôt parce que nous ne pouvons pas évaluer en permanence toutes les conséquences néfastes de nos actes. Et quand on essaye de s’adonner à ce genre d’exercices, on finit par se prendre la tête sans fin sur des détails, et ne plus voir que le problème dépasse notre petite vie de très loin ! Je ne prétends pas qu’il ne faille pas tenter de freiner les catastrophes qui semblent s’annoncer, mais simplement le faire sans trop de prises de tête, et surtout sans perdre confiance dans notre humanité.

Ces quelques enseignements (tout à fait subjectifs) de l’évolution étant donnés, tentons maintenant de mieux comprendre la nuance entre reproduction et sexualité.

 

Quand la reproduction s’associe à la sexualité...

 

D’une certaine manière, l’histoire des êtres vivants à travers les âges est d’abord l’histoire de leur reproduction ! Car étant donné leur courte durée de vie, si ils ne se reproduisaient pas, les êtres vivants n’auraient pas perdurer longtemps… Nous pouvons donc célébrer le miracle de la reproduction, et voir dans l’accouplement sexuel humain un héritage sacré qui a permis à la vie de se maintenir depuis plus de 3,5 milliards d’années !

Même si certes, la reproduction n’est pas la sexualité. En particulier dans le monde microscopique, puisque la reproduction n’y est jamais qu’un dédoublement de soi-même, qui produit un clone de l’individu de départ ; là où la sexualité est un échange (voire une forme de vol) de gènes entre un microbe et un autre, qui permet à son bénéficiaire d’évoluer plus rapidement qu’au fil des erreurs de copie des gènes lors de la reproduction… Ce sont en quelques sortes deux miracles de la vie bien distincts : le transfert de gènes (ou « sexualité ») et la reproduction (ou « clonage ») ; qui se sont trouvés réunis beaucoup plus tard dans l’histoire de l’évolution : une fois que les êtres vivants sont devenus fort complexes. La reproduction s’est alors retrouvée enchevêtrée avec la sexualité, créant pour l’occasion des femelles et des mâles, dont chaque descendant n’était plus un clone mais un individu différent de ses deux parents. Cette nouvelle forme de reproduction associée à la sexualité a du apparaître il y a environ 1,5 milliard d’années.

L’intrication de la sexualité dans la reproduction semble être un avantage, puisqu’elle se retrouve chez la majorité des espèces évoluées. Même si certaines espèces complexes pratiquent encore le clonage exclusif (comme de petits vers marins appelés rotifères bdelloïdes), voire les deux types de reproduction en alternance (par exemple les pucerons). Mais si la reproduction sexuée présente un réel avantage, quel est-il ? D’après les biologistes, il s’agit surtout de l’atout de la diversité face aux parasites, qui risqueraient d’éliminer rapidement une population semblable, alors que dans une population diversifiée, on trouve plus souvent quelques individus résistants aux parasites, permettant ainsi à une espèce de survivre face aux attaques virales, bactériennes ou autres, qui les guettent constamment.

La reproduction sexuée comme remède contre le parasitisme, cela ne semble pas très sexy ! Et pourtant ce type de reproduction a finit par devenir affriolant, puisque l’attirance sexuelle est d’une efficacité considérable chez les animaux. Car pour s’attirer l’un l’autre entre mâles et femelles, et créer une descendance variée et vitale pour la survie des espèces (certains diraient des gènes), il a fallu que l’évolution élabore de puissants phénomènes de rapprochement. La force que représente la sexualité chez nous, qui est à la fois capable de nous faire oublier nos manières raffinées, ou alors (comme nous le verrons à la fin de cet essai) de modifier notre état de conscience de la plus belle des manières, est le fruit de centaines de millions d’années de sélection naturelle… Il n’est donc pas étonnant que nos impulsions sexuelles nous semblent si puissantes quand elles se manifestent !

Mais si la sexualité peut parfois sembler changer en profondeur un animal ou un humain, il y a autre chose qui se joue derrière ce tableau immédiat : une compétition secrète entre les femelles et les mâles...

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