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Les cinq objectifs du dictateur

Moi qui suis arrivé au sommet du pouvoir, mon premier objectif est désormais d’y rester le plus longtemps possible !

Pourquoi ? D’abord parce que j’aime être puissant, craint et obéit sans aucune contestation possible ; et ensuite, et surtout, parce que j’ai la trouille de ce qui m’arriverait si je perdais le pouvoir auquel je m’accroche tant. Car je sais au fond de moi que ceux qui me craignent pourraient vouloir ma peau (ou ma place, pour les plus proches de mon entourage), et qu’au mieux ils m’enverraient croupir en prison jusqu’à la fin de mes jours, et qu’au pire ils me tortureraient et me tueraient si ils venaient à se déchaîner de mon emprise… Je ne veux surtout pas tomber dans la déchéance, encore moins être privé de mon confort, du luxe dans lequel je vis, et de tous les plaisirs qui vont avec !

 

Mon deuxième objectif découle du premier : il me faut verrouiller le système pour mettre en place une administration aussi élaborée que possible, afin d’éviter toute forme de contestation de mon statut de « numéro un » pour que je puisse, je le répète, me maintenir à ce poste aussi longtemps que possible. En effet, toute objection ou critique concernant mes décisions ou mon pouvoir me semblent une menace qu’il faut éliminer au plus tôt. C’est pourquoi je ne supporte pas la critique, et qu’à l’opposé, j’adore les états policiers, où tout risque envers ma personne est surveillé, scruté dans les moindres détails, puis tué dans l’œuf, avant que les reproches ne dégénèrent !

 

Mon troisième objectif, est d’être admiré ! Comme je suis dans une logique du tout ou rien, et non pas du « plus ou moins », je ne fais jamais dans la nuance : je veux être admiré, qu’on me voue un culte tel un dieu vivant, et qu’on se souvienne de moi comme d’un homme grand, exceptionnel et surtout sans faiblesse. Car je trouve qu’il est plus positif d’être admiré et encensé que craint et secrètement haï… C’est vrai quoi, il vaut mieux voir le bon côté de ma personnalité ! C’est mon côté magnanime et bienveillant qui parle ! Avec moi, il est toujours plus raisonnable de trouver le verre à moitié plein !

 

Et c’est aussi pourquoi j’aime donner l’exemple à mon peuple, être un guide pour lui, puisqu’à force d’entendre mes subordonnés répéter que je suis le plus grand, je finis moi-même par croire que je suis l’exemple même de la réussite et de la perfection ! Je suis donc le mieux placé pour mettre mon peuple dans le droit chemin, et le rendre ainsi meilleur… Je sais mieux que mes subordonnés ce qui est bon pour eux ! Aussi, les guider et les diriger vers mon idéal de la perfection est mon quatrième objectif.

 

Mon cinquième objectif, plus ou moins réaliste selon le contexte géopolitique, est d’étendre mon pouvoir le plus loin possible, au-delà des frontières j’entends. Au fond, à force de n’être jamais remis en question, je m’ennuie quelque peu chez moi, et j’ai besoin d’ennemis ! Or mes ennemis les plus notoires sont les régimes démocratiques qui ne cessent d’influencer culturellement les subordonnés de mon pays et qui, avec leur amour de la contestation, leur goût pour la critique du pouvoir et de leurs élites me font complètement flipper ! Bref, tout est bon pour affaiblir ces régimes de dégénérés, et si jamais on me donne l’occasion de détruire cette épine dans mon pied que représentent les démocraties, vous pourrez alors compter sur moi pour tout mettre en œuvre en vue de les anéantir !

 

Je pourrais alors étendre mon pouvoir sur ces régimes déficients où les gens sont des imbéciles qui se croient heureux de vivre dans un pays libre, alors qu’ils ne savent pas à quel point il est merveilleux de vivre sous les ordres d’un personnage aussi exceptionnel que moi ! D’ailleurs mes subordonnés devraient dire plus souvent aux habitants des démocraties à quel point je suis généreux, noble et formidable ! Ils le croient tous puisqu’ils ne me critiquent jamais, non ?

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